conscience & spiritualité

La première fois que j’ai rencontré mon cher ami, Alain Roques, il déclarait pratiquer l’ostéopathie en état de méditation. Cela me paraissait incongru, exotique, étrange. J’en étais alors au structurel anglo-saxon que m’avait enseigné José Puren et à l’ostéopathie tissulaire de Pierre Tricot : soit je mobilisais l’ensemble du corps, je manipulais en faisant craquer, soit je posais les mains et épousais les densités, suivais les tensions et le mouvement des tissus. Je passais de l’un à l’autre sans problème, m’adaptant aux demandes, aux craintes de mes patients, et à leurs pathologies. Je jongle encore avec ses deux balles aujourd’hui, j’en ai juste rajouté d’autres. Je n’imaginais pas que l’on puisse travailler en état de méditation. Je ne savais d’ailleurs pas exactement de quoi il s’agissait.

La méditation est un chemin vers l’éveil, mais il vaut mieux le taire, afin d’être bien sûr de rester laïque. Elle a progressivement pris une place dans ma vie. Elle m’a confronté à l’agitation du mental. Je pensais contrôler mes pensées, je n’imaginais pas que cela puisse être l’inverse ; je suis (du verbe suivre) mes pensées, au foisonnement incohérent, agitation de la psyché. A force d’observer l’agitation, le mental se lasse et lâche prise, le cerveau gauche prend des vacances et le droit s’immisce. L’intuition se manifeste, des informations d’une autre nature viennent à nous. Pratiquer l’ostéopathie en état de méditation, c’est se laisser guider dans la rencontre avec l’autre à travers le toucher, par des perceptions hors du champ analytique. C’est être dans un état de conscience différent, pris dans un effet miroir touchant-touché, c’est « la langue des oiseaux » du psychanalyste.

Dans cet état, des possibles s’ouvrent, jusqu’à aller vers un état de conscience modifié, un état où le rapport à l’espace et au temps change. Le mystère vient nous chercher, l’inattendu surgit, et chacun se trouve confronté à une dimension spirituelle. Spirituel ne veut pas dire religieux. Spirituel ne veut pas dire prosélyte. Le spirituel nous confronte à une part de nous-même qui nous dépasse. Le spirituel nous met en lien avec l’intérieur et l’extérieur, la cohorte des ancêtres et les générations à venir, la terre et le ciel, le soleil levant et le couchant. Le spirituel nous met au centre et nous décentre. Il pose la question de l’âme, des guides… À chacun d’y répondre dans le silence de l’espace intérieur, pris dans le kaléidoscope des portes ouvertes sur les mondes.

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