Qui es-tu ?

Je suis Serge, j’ai 33 ans, et je suis médecin généraliste, j’ai validé les études d’ostéopathie en 2017 à la faculté de Bobigny. Je pratique essentiellement la médecine générale, un peu de médecine d’urgence, et quand je peux, j’essaie de pratiquer un peu d’ostéopathie.

Pour quelle raison as-tu décidé de faire ce cursus ?

Lors de mes études de médecine, j’ai rencontré une amie qui m’a poussé à suivre la formation d’ostéopathie de Bobigny. Elle m’a notamment parlé d’un professeur hors du commun qui y encadrait quelques cours. Si j’accrochais avec lui, alors peut-être m’engagerais-je dans un cursus post-graduate qu’il propose. Évidemment, il ne s’agit pas uniquement d’ostéopathie, mais aussi de médecine énergétique.

Depuis mon enfance, mes parents me traitent en énergétique. J’ai pourtant souhaité suivre un cursus plus cartésien. Aussi ai-je commencé par la faculté de Médecine. Et c’est dans une recherche de syncrétisme que j’ai appris l’ostéopathie, et enfin que j’ai pu adhérer à cette formation qui m’a alors paru plus « sûre », puisque proposée par un médecin généraliste, comme moi, et ostéopathe, comme moi.

Tant de formations existent. J’ai moi-même déjà pu en suivre quelques-unes qui m’ont énormément déçu, car me semblant proposées par des gens, certes de bonne foi, mais dont le savoir et le socle de connaissances m’ont semblé très insuffisants. Peut-on décemment proposer des soins sans ne rien connaître aux maladies ?

Que t’a-t-il apporté ?

À vrai dire je n’avais pas d’idée préconçue concernant ce cursus. J’ai compris très vite, en lisant le 1er livre d’Alain Cassourra, qu’il s’était aventuré en ostéopathie, mais aussi en médecine chinoise, énergétique, puis j’ai noté qu’il avait réalisé un voyage chez les Guérisseurs philippins. C’est ce dernier élément qui a terminé de me convaincre de participer à ses formations. Je me suis senti sur un terrain familier et donc rassurant.

Très vite, j’ai compris qu’il n’était pas tant question d’approfondir mes connaissances d’ostéopathie que de se lancer dans une aventure personnelle. Peut-on appeler cela du « développement personnel » ? Certains membres du groupe ont expliqué avoir eu l’impression d’une « progression plus profonde et plus efficace que 20 ans de psychanalyse ».

Très clairement, au début, j’ai surtout été déboussolé. Assurément, il ne s’agissait pas de cours magistraux, mais essentiellement de pratique. Un apprentissage par l’expérience. Ainsi ce ne fut pas uniquement un apprentissage théorique, mais une expérience vécue, et qui m’aura façonné en quelque sorte.

Je suis sorti de ce cursus avec une meilleure affirmation de moi. Ayant l’impression d’être un franc-tireur dans ma profession, et me sentant immanquablement très seul dans ma démarche, j’ai enfin pu rencontrer des personnes qui partagent ma vision de la médecine : une vision qui se veut la plus global possible, avec un respect du cheminement de l’autre. Une prise en compte plus vaste – et oserai-je dire « plus aimante » – que celle que peut proposer la médecine. Le vilain petit canard a, en quelque sorte, trouvé sa famille de cygnes.

Je regrette de ne pas plus pratiquer l’ostéopathie au quotidien. Ma pratique se résume essentiellement à la médecine générale. A de trop rares occasions, il m’arrive de m’offrir une petite promenade en sentier ostéopathique. Alors, je profite de tout ce que j’ai pu découvrir avec Alain pour tenter de les mettre au service de mes patients.

Mais je peux aussi reconnaître que j’ai tant découvert, sur moi-même et sur le monde qui m’entoure, que je pense avoir vraiment changé en qualité dans ma pratique « non ostéopathique ». Je me sens beaucoup plus vigilant dans mon écoute, beaucoup plus affûté dans les questions que je pose. Je crois avoir développé une forme d’intuition qui me pousse à mieux écouter le langage non-verbal. Enfin, je savais faire parler les patients de leurs souffrances, mais en aucun cas je ne savais qu’en faire. Mes études m’ont laissé un abîme dans les connaissances psychologiques, au point qu’en médecine, il est courant d’entendre un collègue se plaindre quand un patient se présente avec un mal être tant on se sent démuni par manque de compétences. Maintenant, je me sens à même d’entendre. J’accepte les émotions que me font ressentir les patients en miroir. Et mieux : je peux les accueillir, et cheminer avec le patient, dans une progression individualisée, et confiante.

Que t’a-t-il apporté ?

J’ai rencontré avant tout un groupe. Chaque personne venant avec son propre parcours, on peut être surpris de quelle forme cela a pu prendre. Je me souviens d’avoir rencontré une personne ayant pratiqué le tantra…

J’ai aussi été surpris de voir participer à ce cursus des personnes complètement extérieures au monde du soin. Ainsi il ne s’agissait pas d’une formation circonscrite aux seuls « détenteurs du savoir », ostéopathes, kinés ou médecins, mais aux « humains » curieux de progresser, et d’en faire profiter leur monde autour.

Quel est le point le plus fort du cursus ?

Je pense que c’est la notion d’engagement. C’est quelque chose de très dur. Il s’agit de réserver 7 weekends de 3 jours sur une année, à une formation dont on ne discerne pas tout de suite le point final. Et, selon les termes du 1er séminaire, si l’on manque un séminaire, on ne peut plus participer aux prochains. Il s’agit d’un engagement fort, que je trouve très inhabituel pour notre époque, et pourtant très juste. Il y a une forme de respect à porter à l’enseignant, à l’enseignement, et au groupe qui fait l’effort lui aussi.

Enfin je dirais que ce qui m’a semblé être le plus étonnant, c’est qu’on ne peut plus revenir en arrière. Après avoir participé à un tel cursus, on a changé. On a muté. On n’est plus exactement le même que lorsqu’on est arrivé. Tout y est juste. Rien n’y est vulgaire. Rien n’y est dévoyé. J’ai hésité initialement, quand le cartésianisme – qui me faisait croire en une forme de sécurité – s’est mis à intégrer des notions toutes nouvelles, et parfois assez connotées, comme l’astrologie. Et pourtant, j’ai été impressionné par la justesse de la démarche, et par la complémentarité incroyable des différentes pratiques proposées.

T’es-tu senti libre et respecté pendant ces sept fois trois jours ?

Oui pleinement. J’ai aussi senti que l’enseignant avait une démarche personnalisée pour chaque participant. Il s’agit d’une bienveillance qui pourrait s’apparenter à un soin. Mais sur sept fois trois jours !

Que dirais-tu à un ami qui aurait envie de faire le cursus ?

Je lui dirais qu’on ne naît pas ostéopathe, on le devient. S’il a validé son diplôme, c’est déjà une très belle étape. Mais maintenant il s’agit de « rentrer dans le dur », de commencer véritablement sa formation.

Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ?

Il m’arrive encore de remettre en question la légitimité à participer des gens qui ne sont pas « des soignants ». Je comprends que chaque « stagiaire », disposé à s’engager selon les règles de ce cursus, mérite d’emblée pleinement sa place. Mais j’ai encore en tête la parabole des perles données aux pourceaux. Pour moi, une telle initiation, un tel enseignement, ne peut se recevoir que si on s’est déjà engagé dans le service de l’autre. Une telle richesse n’a de sens que si elle est ensuite mise à profit pour le plus grand nombre.

Après je peux accepter que construire une nouvelle humanité, fondée sur une meilleure écoute et une meilleure acceptation de soi et des autres, constitue en tant que tel un objectif particulièrement louable. Et dans ce sens, se sentir comme appartenant à une élite, qui serait seule autorisée à détenir certaines connaissances, cela constituerait un non-sens total.

De tout cœur.

Serge

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